ESPAGNAC-SAINTE-EULALIE

Présentation

Le vent et le sang
Aucun moulin à vent n’est référencé mais de nombreux bâtis de forme ronde apparaissent sur le cadastre napoléonien de 1840: 7 sur la section A de Diège, 2 sur la section B de Sainte-Eulalie, 8 sur la section C du causse et aucun sur la section D de Sainte-Eulalie. Une lecture des états de section pourrait préciser la nature exacte de ces bâtiments.
Concernant les moulins à sang aucun élément n’a été référencé à ce jour par l’association.

L’eau
La commune d’Espagnac-Sainte-Eulalie n’est traversée que par un cours d’eau, le Célé.
On peut éventuellement y ajouter deux sources se jetant dans ce dernier:
– la source de Bual, qui rejoint le Célé en aval du moulin de Sainte-Eulalie.
– la source de Pailhès, qui rejoint le Célé juste en amont du moulin d’Espagnac, tout en alimentant partiellement ce dernier.

On situe seulement deux moulins à eau sur le territoire:
– le moulin d’Espagnac
– le moulin de Sainte-Eulalie
Ils figurent sur les plans du cadastre napoléonien datés du 15 Juin 1840, le second étant le seul dénommé « moulin » sur le plan d’assemblage du cadastre. A noter qu’Espagnac et Sainte-Eulalie furent deux communautés bien distinctes, puis renommées municipalité de Sainte-Eulalie et Espagnac, avant de prendre leur nom d’aujourd’hui par un décret du 8 Décembre 1887.
Selon l’ouvrage « Le Lot vers 1850 » ces deux moulins seuls rapportent 8,7% du revenu cadastral, derrière les terres et sols de bâtiments, les bois et les vignes. Ainsi sont-ils décrits:
«les moulins de Sainte-Eulalie et d’Espagnac ont une force bien supérieure aux besoins de leur clientèle ; le premier était perdu et délabré lorsque le fermier du second l’a acheté en 1852, il a amené avec lui une grande partie de la clientèle. C’est dans les communes du plateau que chacun d’eux va quérir les grains avec deux ou trois bêtes de somme.»

Le moulin d’Espagnac

Situé en rive droite du Célé ce moulin d’existence légale (fondé en titre) était également parfois nommé moulin de Pailhès du nom du lieu-dit tout proche.
Les cartes de Cassini du 18ème siècle ne peuvent hélas nous renseigner sur le moulin d’Espagnac: le site est en effet à la limite de deux jeux de cartes et n’apparaît clairement sur aucune des deux.
Le 24 Janvier 1801 le moulin est ainsi décrit par le service de la navigation intérieure:
«  Le moulin est situé sur la rive gauche, commune de Sainte-Eulalie, il appartient à la citoyenne Delclaux veuve d’Espeyroux, habitant Espagnac.  Il est à 4 meules à cuve avec un foulon, mû par les eaux d’un petit canal qui commence vers l’origine de la digue.
la digue est en bon état, elle est construite en pierre, elle a 1 mètre 46 centimètres de chute. Les berges étant élevées, la retenue des eaux n’occasionne aucun préjudice aux propriétés supérieures au moulin, mais comme il n’y a aucun déversoir il est nécessaire d’y pratiquer un empalement à vanne de 1 mètre 95 centimètres de largeur pour la décharger des eaux surabondantes.
».
En 1840 le cadastre napoléonien détaille plus précisément sa situation sur la section A de Diège (sa chaussée seule apparaît également sur la section B de Sainte-Eulalie, 3ème feuille).
Comme décrit plus haut c’est en 1852 que le propriétaire du moulin d’Espagnac rachète celui de Saint-Eulalie, délabré.

cadastre napoléonien, 1840, section A de Diège, 2ème feuille

Les meuniers

La Généalogie des meuniers d’Espagnac n’a à ce jour pas été faite ; on sait cependant qu’en 1801 le moulin appartient à la citoyenne Delclaux, veuve d’Espeyroux, habitant Espagnac, et qu’entre 1920 et 1924 il appartient à Louis Cassagne.

bâti hydraulique et hydrologie du site

18011920-1924
digue, chausséeen pierre
hauteur de chute1,46 m1,60 m
déversoirsaucun
débit d’étiage du Célé600
débit annuel moyen du Célé6000
débit annuel moyen dérivé2400
puissance (kW)37
débits exprimés en litres/seconde

le moulin de Sainte-Eulalie

Ce moulin d’existence légale (soit fondé en titre) est situé en rive droite du Célé et était encore récemment ouvert au public lors des Journées du Patrimoine et de visites scolaires.
Il dispose toujours de son équipement, avec ses vannes ouvrières particulières et quatre puits cylindriques construits en pierre taillée dont deux sont encore munis de leur paire de meules en pierre. Le 3ème puit fut équipé au 20ème siècle d’un moteur, et le 4ème était équipé d’un axe tournant vertical avec retour horizontal qui devait servir de moteur pour l’usage d’un foulon dans un premier temps, avant d’avoir d’autres utilités. Ainsi en plus de son activité principale de minoterie il fut également scierie et producteur d’hydroélectricité.

la chaussée de 120 mètres, avec une longueur en crête de 45 mètres, représente aujourd’hui la partie la plus ancienne de l’ensemble ; bâtie en pierre, elle s’appuie encore sur un enracinement constitué de pieux en bois de robinier profondément enfoncés dans le sol offrant ainsi une certaine souplesse aux coups de boutoir des arbres projetés par les crues.

Sous l’Ancien Régime le moulin avait appartenu au prieuré construit à l’époque médiévale, sa présence étant attestée par un bail de 1363 renouvelé en 1497.

Au cours du 18ème siècle il fut profondément restauré et modifié, de même que la bâtisse dans laquelle il est incorporé. Le moulin apparaît alors sur la carte de Cassini, issue de relevés effectués entre 1766 et 1768.

Carte de Cassini, numéro 16, feuille 144 (Rodez) établie par le cartographe Michel

Au 19ème siècle, le cadastre napoléonien détaille plus précisément la situation du moulin sur le plan de section B de Sainte-Eulalie, 3ème feuille.

cadastre napoléonien, section B de Sainte-Eulalie, 3ème feuille – 1840

A cette époque, plus précisément en 1852 selon l’ouvrage « Le Lot vers 1850 », le moulin de Sainte-Eulalie était « perdu et délabré » et fut sauvé par son rachat par le propriétaire du moulin d’Espagnac.
Le moulin fonctionnera jusqu’au début des années 1950, produisant même de l’électricité

Au début du 21ème siècle le moulin connaît ses plus grosses difficultés : une brèche apparue lors de crues en 2004-2005, et accentuée en 2008-2009, ainsi que l’évolution de la législation, impose des travaux exorbitants pour la famille Coste. L’association des moulins du Quercy accompagna la famille durant ces années, mais hélas les derniers Coste vinrent à devoir se séparer du bien familial en 2022.

familles de meuniers

Longtemps donc le moulin a appartenu au prieuré, la recherche sur les meuniers auquel il aurait été baillé n’étant pas encore faite. On sait par contre qu’au cours de 18ème et 19ème siècles il a appartenu à la famille Puech, durant 6 voire 7 générations :
-1- peut-être Pierre Puech (né vers 1700 ?)
Il n’est pas indiqué que Pierre était meunier de Sainte-Eulalie, mais sa fille Marguerite se maria le 04 Octobre 1746 au moulin de Saint-Eulalie
-2- sans doute Jacques Puech (né vers 1725 ?)
Fils de Jacques et peut-être père d’Antoine, meunier de Sainte-Eulalie, et de Jacques, meunier de Bullac.
-3- Antoine Puech ( …-…)
En 1747, il est meunier au moulin de Ste-Eulalie et a pour épouse Marie Jeanne BERGON, de la paroisse de Corn, ainsi que pour frère un dénommé Jacques, quant à lui meunier au moulin de Bullac (commune de Boussac).
En Décembre 1747 Marie Jeanne BERGON donne naissance à deux fils, Jacques, baptisé Jean-Jacques, et Jean-Pierre, qui décèdera le 15 Juillet 1824. Tous deux seront meuniers à Sainte-Eulalie.
On note également en 1747 qu’apparaît dans les archives un Jean PUECH, alors meunier au moulin de Vernhié , époux de Jeanne Caussanel  et père d’un Jean PUECH qui ne vit qu’1 mois (1747-1748)
-4- (Jean-) Jacques Puech (1747-1825)
meunier à Sainte-Eulalie, décèdera  le 3 Novembre 1825 (B 21/12/1747 – DCD 03/11/1825).
Il aura eu pour épouse Louise Cassagnes, et pour fils Jean-Louis, né vers 1772.
-5- Jean-Louis Puech (1772-…)
meunier de Sainte-Eulalie et époux de Jeanne Lagonie qui lui donnera un fils le 7 Mai 1809, Jean, baptisé Jean-Louis.
-6- Jean(-Louis) Puech (1809-1874)
meunier, décèdera le 20 Septembre 1874. Il aura eu pour épouse Jeanne Roumegaux, sans profession, décédée le 19 Avril 1890, et pour fils unique Jean.
Au décès de Jean(-Louis) on note la présence d’un Félix Bergoumiaux (ou Bergougneux), garçon meunier à Sainte-Eulalie.
-7- Jean Puech (…-…)
Il vendra le moulin à Jean-Pierre Coste le 16 Mai 1908.

Au 20ème siècle ce sont donc les Coste qui héritent du moulin et continueront de le faire fonctionner pendant près d’un demi-siècle, d’abord avec Jean-Pierre Coste à partir de 1908.
Entre 1920 et 1924 c’est Marcellin Coste qui en est propriétaire.
En 2015, Pierrette Costes et ses enfants Elisabeth, Serge et Norbert en sont propriétaires indivis.
En 2022 les Coste, face aux contraintes règlementaires, se défont du moulin

depuis cette date Philippe BERGEL, adhérent à l’association des Moulins du Quercy, en est le propriétaire.

bâti hydraulique et hydrologie du site

carte d’identité
classement du Célé: liste ?
17558 (Référence Obstacle à l’Ecoulement)
C33 (étude SAGE-CELE 2002)

180119201922-192319242002
digue, chausséeen pierre
hauteur
de chute
1,43m1,60m1,60m 1,60m
déversoirs2 de largeur 48cm
débit d’étiage du Célé600600600
débit annuel moyen du Célé600066006000
débit annuel moyen dérivé240024002400
puissance (kW)37373737
franchissabilité piscicoleF3
classement I.G.D. / I.C.2 / 4,38
débits exprimés en litres/seconde

documentations

L’accès à certain des documents suivants peut être restreint compte tenu de leur caractère privé.

10 Septembre 1949 – arrêté préfectoral

2002 – fiche de l’étude SAGE-CELE

19 Septembre 2008 – compte-rendu de réunion 

9 Janvier 2015 – arrêté préfectoral
précisant les conditions dans lesquelles doit se faire une éventuelle restauration du barrage, avec la réalisation d’une étude, les travaux nécessaires au rétablissement de la continuité écologique et les délais de réalisation.

 

sources

  • Syndicat Mixte du Bassin de la Rance et du Célé, 2013
  • Géoportail – IGN
  • étude SAGE-CELE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux), 2002
  • Association des Moulins du Quercy
    étude des moulins du Célé, 19 Janvier 2009
  • Archives Départementales du Lot
    Etat récapitulatif des usines existantes à la date du 31 Décembre 1924 – cote 86 S1 20
    Navigation intérieure, rivière du Célé – cote 86 S 19
    cadastre napoléonien, section d’Espagnac

    « Le Lot vers 1850 », recueil de monographies cantonales et communales établies par les contrôleurs des contributions directes, publié par les Archives Départementales du Lot (2002)
    «  Les campagnes du Quercy après la guerre de Cent Ans », Jean Lartigaut ;
    bail du prieuré cote III E 27 / 20 folio 398 v.o.
  • Bibliothèque Nationale de France
    Michel (cadet). Cartographe et al., « Carte générale de la France. 016, [Rodez]. N°16. Flle 144 / [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury] », Cartes et plans de Gallica.
    L’ensemble des territoires d’Espagnac et de Sainte-Eulalie est tronqué sur les cartes de Cassini datant du 18ème siècle ; en effet il se trouve partagé sur deux feuilles différentes, la numéro 36, feuille 150 (Cahors) établie par le cartographe Michaud, et la numéro 16, feuille 144 (Rodez) établie par le cartographe Michel